Le guide « sur la bonne voie » est un énorme document. Par conséquent, il n'est disponible au téléchargement que sections par sections, chacune étant accessible au début du chapitre correspondant du site internet.Le guide Sur la bonne voie - Section 3
L'enfant dans sa globalité (de 0 à 6 ans)
Les changements qui surviennent dans le développement de l'enfant au cours des premières années de sa vie sont exceptionnels. Les professionnels ainsi que les personnes qui en prennent soin, constatent l'évolution de l'enfant à mesure que celui-ci commence à sourire, à rire, à s'asseoir, à ramper, à gazouiller et à parler. L'enfant commence à socialiser et à jouer en collaboration avec d'autres enfants. Il acquiert les capacités nécessaires pour s'entendre avec les autres, comme attendre son tour, partager et suivre des instructions. Il apprend également les compétences qui l'aideront dans son parcours scolaire telles que dessiner, compter, lire et écrire.
Le développement du jeune enfant suit habituellement une séquence. L'enfant doit maîtriser une habileté avant de pouvoir en acquérir une autre. Cela dit, chaque enfant se développe à son propre rythme. Il arrive qu'un enfant prenne plus de temps à maîtriser une nouvelle habileté ou, encore, qu'il semble sauter une étape dans la séquence prévue selon son rythme de développement. Au moyen d'observations, de consultations auprès des personnes importantes dans la vie de l'enfant et de leur propre évaluation, les professionnels peuvent se faire une bonne idée du contexte dans lequel se développe l'enfant. L'interprétation des éléments selon le contexte de l'enfant pris dans sa globalité permet le dépistage des risques, des problèmes et des retards.
On sait que l'observation nécessite du temps. Mais l'adoption d'une approche « attentiste » ne sert pas l'intérêt de l'enfant quand on remarque un retard. Le dépistage précoce devrait susciter une intervention précoce, qui entraîne à son tour une stimulation cérébrale au moment où le cerveau de l'enfant est le plus réceptif et malléable. L'intervention précoce peut prendre diverses formes :
- Engagement parental accru
- Occasions supplémentaires de socialiser avec d'autres enfants et adultes
- Participation de l'enfant à une variété de jeux
- Services spécialisés, etc.
L'initiative entourant le bilan de santé amélioré à 18 mois porte plus précisément sur l'intervention précoce. Cette initiative vise à souligner la nécessité d'évaluer le développement et la santé développementale de l'enfant lors de sa visite à l'âge de 18 mois chez le professionnel en soins primaires. Pour en savoir plus, veuillez consulter le site Web suivant : www.18monthvisit.ca (en anglais seulement). |
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L'enfant se développe selon un continuum influencé par divers facteurs. Par exemple, on a observé certaines différences dans le développement physique de l'enfant en fonction du sexe, de l'emplacement géographique et des premières expériences (Berk, 2008). Les pratiques culturelles peuvent aussi influer le développement du langage, du caractère, concept de soi et du dessin (Berk, 2008). Le fait de comprendre le continuum du développement aidera les professionnels à favoriser le développement individuel de chaque enfant et de noter tout retard.
On sait que les enfants se développent dans leur globalité, mais on catégorise souvent le processus de développement par sphère. Dans la présente ressource, le développement et les habiletés développementales s'articulent autour de cinq sphères afin de permettre aux professionnels de comprendre les indicateurs spécifiques de chacune. La présente section fournit des renseignements utiles quant aux aspects du développement suivants :
- Croissance
- Nutrition
- Habileté à se nourrir
- Santé dentaire
- Sommeil
- Perception
- Caractère
- Esthétisme
Il importe d'interpréter chacun des aspects du développement énumérés dans la présente ressource pour un âge ou une sphère donnée, en fonction du continuum propre à chaque enfant. Même si la plupart des enfants auront acquis les habiletés prévues pour leur tranche d'âge, quelques-uns auront parfois de bonnes raisons de ne pas avoir acquis une habileté précise. Par exemple, chez certains peuples des Premières Nations, on pratique la « cérémonie de la sortie », selon laquelle les pieds du bébé ne toucheront le sol qu'une fois qu'il aura atteint l'âge d'un an. Une telle pratique peut nuire de façon temporaire aux stades où l'enfant apprend à ramper et à marcher. Il importera donc de noter cet aspect en suivant le développement de l'enfant.
Les professionnels doivent garder ces considérations en tête lorsqu'ils ont recours et font référence à la présente ressource. S'ils remarquent un retard important ou plus d'un retard par rapport à l'une des sphères de développement, ils devraient inciter les familles à demander à un médecin, un spécialiste ou aux services à l'enfance de les acheminer vers les services appropriés (voir la Section 7 – Information locale). Ils peuvent également consulter d'autres ressources très pertinentes, par exemple :
- Le document L'apprentissage des jeunes enfants à la portée de tous dès aujourd'hui explique le continuum de développement et donne des exemples sur la manière d'évaluer la progression des habiletés de l'enfant.
- Les questionnaires de dépistage Nipissing District Development Screen www.ndds.ca constituent en fait 13 listes de contrôle des habiletés pour chacun des 13 principaux stades de développement (lien vers l'Annexe A). Les parents ou les personnes prenant soin d'enfants peuvent remplir le questionnaire spécifique à un stade de développement de l'enfant, depuis la naissance jusqu'à l'âge de six ans. Il ne s'agit pas d'un outil de diagnostic, mais plutôt d'une façon pour les parents et les professionnels des services de garde d'enfants et de soins de santé des enfants de suivre les progrès des bébés et des enfants. Les utilisateurs de l'Ontario ont accès gratuitement aux listes et peuvent les commander en ligne à l'adresse www.ndds.ca/order-on-fr/register-on-fr.
De même, le présent guide Sur la bonne voie se veut un outil de référence destiné aux professionnels pour faciliter leur suivi du développement de tous les enfants.
Développement physique
Croissance
La croissance physique constitue l'un des indicateurs les plus utilisés pour évaluer le sain développement de l'enfant, qui se développe à un rythme phénoménal. Dès l'âge de deux ans, un enfant aura plus que triplé son poids à la naissance et aura atteint près de la moitié de sa taille adulte. Ses os, plus ou moins souples à la naissance, se solidifient et peuvent ainsi supporter son poids. Les os du crâne durcissent aussi et fusionnent. Les espaces membraneux de son crâne sont comblés à l'âge de 18 mois.
- Chaque enfant suivra une trajectoire ou une « courbe » de croissance, qui lui est propre. Cette courbe de croissance dépend d'une combinaison de facteurs, notamment les suivants :
- Milieu culturel
- Potentiel génétique
- Habitudes observées dans son milieu, notamment par rapport à la nutrition, à l'exercice et à la stimulation sociale.
Le point exact sur un graphique de croissance importe moins que la tendance observée dans le temps.
- • La croissance d'un enfant se mesure à l'aide de trois paramètres, soit :
- Son poids
- Sa taille
- La circonférence de sa tête
Poids
Un bébé grossit rapidement, et une partie du poids acquis se transforme en tissu adipeux, ce qui lui donne son apparence potelée habituelle. À mesure qu'il continue de grandir et d'améliorer ses habiletés motrices, il développe ses muscles, ce qui contribue au changement dans les proportions de son corps (Oswalt, 2007). Durant les quatre premiers mois, un bébé grossit d'environ 20 à 30 grammes (de 2/3 à 1 oz) par jour, pour un total de 3,6 kg (8 lb) chez les garçons et 3,15 kg (7 lb) chez les filles. Par la suite, la rapidité à laquelle il prend du poids ralentit un peu.
Taille
La taille augmente rapidement elle aussi. Durant les quatre premiers mois, un bébé grandit d'environ 14 cm (6 po). Cette croissance ralentit un peu par la suite. À deux ans, un enfant aura atteint environ la moitié de sa taille adulte.
Circonférence de la tête
À la naissance, la tête du bébé constitue la majeure partie de la masse corporelle. Puis, au cours des deux premières années, le corps se rattrape et croît de manière à donner à l'enfant des proportions ressemblant davantage à celles d'un adulte. Sa tête continue aussi à grossir. On évalue sa croissance en mesurant la circonférence.
Graphiques de croissance
Ces trois paramètres sont illustrés sur un graphique de croissance. Il peut y avoir des fluctuations au cours des 18 premiers mois. Cela dit, à partir de deux ans, un enfant suit habituellement la même courbe que sur le graphique de croissance. Les garçons et les filles ont des trajectoires de croissance différentes. C'est pourquoi il existe un graphique de croissance pour chaque sexe. Par exemple, si un garçon suit le 50e centile en ce qui concerne la taille, cela veut dire que 50 pour cent des garçons du même âge seront plus grands et 50 pour cent seront plus petits que lui. Si une fille suit le 60e centile en ce qui concerne le poids, cela veut dire que 40 pour cent des filles du même âge pèseront plus et 60 pour cent pèseront moins qu'elle.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a élaboré les plus récentes normes en matière de croissance à partir d'une importante cohorte d'enfants allaités de six pays et de quatre continents différents. La Société canadienne de pédiatrie a adopté les courbes de croissance de l'OMS et les rend disponibles en ligne à l'adresse www.cps.ca/Francais/publications/CPS10-01.htm.
Nutrition
- Les trois premières années de la vie d'un enfant se révèlent les plus cruciales pour son développement, puisque l'enfant grandit rapidement durant cette période (OMS, 2003). Non seulement une saine alimentation favorise la croissance, mais elle s'avère encore plus vitale au développement du cerveau. On l'associe au niveau de préparation à l'apprentissage et à l'école. Une pauvre alimentation au début de la vie peut entrainer une série de problèmes chez l'enfant, entre autres :
- Retard dans le développement moteur et cognitif
- Problèmes affectifs et de socialisation
- Troubles de l'attention
- Piètre rendement scolaire (OMS, 2003)
L'obésité infantile constitue une autre source de préoccupation majeure. En 2004, on rapportait que 26 pour cent des enfants et des jeunes âgés de 2 à 17 ans au Canada souffraient soit d'embonpoint ou d'obésité. On associe l'obésité à un grand nombre de maladies comme le diabète, les accidents vasculaires cérébraux, les maladies cardiovasculaires, l'hypertension artérielle et certains cancers (Leitch, 2007).
- On encourage les lecteurs à consulter les ressources riches en information sur la nutrition et qui sont disponibles en Ontario, notamment les sites Web suivants :
Principales recommandations
- Allaitement exclusif pendant les six (6) premiers mois en le complétant ensuite avec des solides, jusqu'à l'âge de deux (2) ans et plus.
- Donner tous les jours aux enfants qui sont exclusivement allaités un supplément de vitamine D jusqu'à la fin de la première année.
- Préparer et entreposer les préparations pour nourrissons en suivant les instructions.
- Entreposer le lait maternel exprimé en suivant les instructions :
- Ne pas réchauffer au four à micro-ondes ni le lait maternel exprimé ni les préparations pour nourrissons.
- Ne pas ajouter de substances solides ou sucrées dans le biberon du bébé (p. ex., des céréales ou du sirop de maïs).
- Ne pas donner de l'eau ou d'autre liquide aux bébés de moins de six mois.
- Commencer à introduire les autres aliments quand le bébé atteint l'âge de six mois, en particulier les aliments riches en fer (p. ex., les céréales enrichies de fer, la viande, le poisson, les jaunes d'œufs cuits, les légumes bien cuits ou le tofu), une fois que sont introduits les aliments solides.
- Donner aux bébés de plus de six mois de la nourriture variée et appropriée pour son âge.
- Éviter de donner ou ne donner que rarement du poisson à forte teneur en mercure.
- Ne donner aucun lait de vache (3,25 M.G.) avant l'âge de neuf mois.
- Ne donner aucune boisson de soya enrichie avant l'âge de 24 mois.
- Ne donner aucune autre boisson de nature végétarienne (p.ex., riz) comme substitut au lait de vache.
- Ne pas donner plus de quatre onces de jus de fruit par jour à un enfant de moins de 18 mois puis pas plus de 6 onces entre 18 mois et six ans.
- Ne donner aucune boisson sucrée, gazéifiée ou contenant de la caféine.
- Donner à un enfant de 16 à 24 onces de lait par jour une fois qu'il a été sevré.
- Donner à un enfant du lait de vache complet (3,25 M.G.) jusqu'à l'âge de deux ans, puis du lait faible en gras (p. ex., 1 % ou 2 % M.G.).
- Pour étancher sa soif, offrir à l'enfant de l'eau au besoin entre les repas et les collations.
- Offrir tous les jours à l'enfant des aliments de tous les groupes alimentaires.
- Laisser l'enfant décider de la quantité d'aliments qu'il veut manger (c.-à-d., ne pas le forcer).
- Prévoir pour l'enfant un horaire incluant tous les jours trois repas et deux ou trois collations saines, de manière à espacer les repas et les collations de deux ou trois heures.
- Éviter le plus possible l'ingestion de gras trans et d'autres graisses saturées.
- Servir les repas et les collations à la table, sans distractions (p. ex., ne pas les servir devant la télévision).
- Prévoir pour l'enfant de fréquents repas en famille.
Habileté à se nourrir
- L'enfant vient au monde avec la capacité de téter. S'il vient au monde à terme, il est aussi habituellement capable de coordonner la tétée, la déglutition et la respiration. Son habileté à se nourrir dépend de son développement par rapport à ce qui suit :
- Motricité globale (p. ex., la capacité de s'asseoir)
- Motricité fine (p. ex., la capacité de ramasser de petits objets)
- Capacité de voir (p. ex., la coordination du mouvement entre la main et la bouche)
- Développement dentaire et buccal (p. ex., la capacité à mastiquer et à croquer)
- La question de l'habileté à se nourrir est abordée dans la présente section pour les raisons suivantes :
- Elle fait souvent partie du processus d'évaluation de l'enfant
- Elle constitue un indicateur à savoir si l'enfant est prêt pour l'école
Remarque : La manière de nourrir un enfant peut dépendre des pratiques culturelles (p. ex., nourrir un enfant soi-même jusqu'à ce qu'il fasse son entrée à l'école, l'utilisation des ustensiles, l'ajout de suppléments alimentaires traditionnels). Les professionnels devraient s'informer des coutumes et en appuyer l'usage à moins que la santé de l'enfant ne soit menacée par une pratique quelconque.
Santé dentaire
L'éruption de la dentition lactéale (les 20 dents de lait ou temporaires) se fait normalement avant l'âge de deux ou trois ans. Il arrive qu'elle soit retardée d'un an tout au plus. Soulignons que le moment où percent les dents importe moins que le schéma chronologique. Quant à la dentition permanente, elle commence à se développer dès la naissance (Alsada et coll., 2005), mais la première dent définitive ne fera éruption qu'autour de l'âge de six ans (Meadow et Newell, 2002).
Les dents de lait sont habituellement petites et courtes et ont la couleur blanche du lait, tandis les dents permanentes sont grosses et de couleur blanche, qui peut tendre vers le gris (Brown, 2007). On a observé certaines variations selon le sexe (c.-à-d., les dents percent habituellement quelques mois plus tôt chez les filles) (Meadow et Newell, 2002). Le tableau ci-dessous donne un aperçu de l'ordre chronologique suivant lequel fait éruption la dentition lactéale ou temporaire chez les enfants.
Dentition lactéale (temporaire ou dents de lait) |
Éruption (âge en mois) |
Incisives centrales – mâchoire inférieure |
6 – 10 |
Incisives centrales – mâchoire supérieure |
7 – 12 |
Incisives latérales – mâchoire supérieure |
8 – 12 |
Incisives latérales – mâchoire inférieure |
7 – 16 |
Canines |
16 – 23 |
Premières molaires |
12 – 19 |
Deuxièmes molaires
|
20 – 33
|
(Brown, 2007; Meadow et Newell, 2002)
La grande préoccupation qu'ont les professionnels des soins dentaires demeure le nombre de jeunes enfants souffrant de la carie de la petite enfance, que l'on appelle aussi la carie du biberon. Pourtant, il est très facile de prévenir ce problème de santé publique. Les bactéries dentaires sont souvent transmises par la personne prenant soin de l'enfant. Le problème surgit quand celle-ci utilise ses propres ustensiles pour nourrir l'enfant ou nettoie la suce avec sa propre salive (American Academy of Pediatric Dentistry [AAPD], 2004).
- La carie de la petite enfance peut nuire à :
- La concentration
- La capacité de manger et de dormir
- L'apparence
- La saine dentition permanente
- La croissance
- La santé générale
(AAPD, 2008; Ontario Association of Public Heath Dentistry [OAPHD], 2003)
- On associe la carie de la petite enfance à bon nombre de facteurs de risque, notamment les suivants :
- Faible statut socio-économique
- Peu de possibilités d'accès aux soins dentaires
- Manque de sensibilisation à l'importance des soins dentaires
- Faible niveau de scolarité des parents
- Antécédents familiaux de caries dentaires
- Alimentation riche en sucre
- Aucun allaitement maternel
- Allaitement sur demande sans hygiène buccale préalable
- Aucune exposition des dents au fluorure
- Exposition à la fumée secondaire et même tertiaire
(AAPD, 2003; Bogges et Edelstein, 2006; Dini et coll., 2000; Nurko et coll., 2003)
Un premier symptôme de la carie de l'enfance se manifeste quand des lésions blanchâtres apparaissent sur la surface de la dent (Nurko et coll., 2003), qui peut ensuite entrainer une décoloration brunâtre confirmant ainsi la présence d'une carie (Yarnell, 2007).
- Les situations suivantes peuvent également nuire à la santé et au développement dentaires :
- Blessures aux dents ou à la bouche survenues dans l'enfance
- Habitude de continuer à sucer une fois que toutes les dents de lait sont percées
En Ontario, le régime d'assurance-maladie ne couvre pas l'hygiène dentaire ni les visites chez le dentiste. Toutefois, les enfants ne bénéficiant pas d'une couverture dentaire peuvent profiter du Programme de soins dentaires pour enfants (information disponible en ligne à l'adresse www.mhp.gov.on.ca/fr/healthy-communities/Default.asp).
- De bonnes habitudes d'hygiène buccale favoriseront la santé et le développement dentaires. Les facteurs suivants aident à la bonne santé buccale et dentaire :
- Grossesse en santé
- Alimentation saine et nutritive
- Bonne hygiène buccale
- Utilisation prudente du fluorure
- Visites périodiques chez le dentiste (indiquer fréquence recommandée)
(Kulkarni, 2003)
)
Lien : Grossesse en santé – dentition en santé
- Les dents de lait du bébé commencent à se développer dans les trois premiers mois de grossesse.
Les facteurs suivants établissent les bases d'une bonne santé et d'un bon développement dentaires :
- Grossesse en santé
- Alimentation nutritive
- Bon apport en calcium
- Aucune consommation de nicotine, d'alcool et de certains médicaments
- • Alimentation saine et nutritive
- On devrait offrir une alimentation saine et nutritive aux tout-petits et aux enfants en suivant le Guide alimentaire canadien (information disponible en ligne à l'adresse www.hc-sc.gc.ca/fn-an/food-guide-aliment/index-fra.php).
- Il ne faudrait ajouter aucun sucre (édulcorant) dans les boissons; le saccharose est celui le plus susceptible d'entraîner la formation de la carie.
- On devrait réserver les boissons et les aliments sucrés au moment des repas; rappelons que les collations sucrées et les féculents favorisent la formation de la carie.
Avoir de bonnes habitudes d'hygiène buccale
Les bactéries dentaires sont souvent transmises par la personne prenant soin de l'enfant. Celle-ci peut transmettre des bactéries en jouant avec le bébé ou en l'embrassant ou, encore, en utilisant ses propres ustensiles pour nourrir l'enfant ou en nettoyant la suce avec sa propre salive. Le parent ou la personne qui prend soin de l'enfant doivent avoir une bonne santé buccale pour que l'enfant ait lui aussi une bonne santé buccale.
- Habitudes à prendre pour favoriser une bonne santé buccale chez l'enfant :
- Utiliser des sucettes et des jouets propres de même que des ustensiles nets pour nourrir le bébé.
- Nettoyer les gencives du bébé de moins de 12 mois avec un linge humide après l'avoir nourri et avant de le mettre au lit.
- Brosser les dents (une fois percées) à l'aide d'une brosse à dents douce et appropriée à l'âge de l'enfant.
- Brosser les dents de l'enfant deux fois par jour ou après l'avoir nourri, s'il y a présence de facteurs de risque.
- S'assurer que le brossage des dents du tout-petit est supervisé ou fait par une personne adulte.
- Ne pas mettre l'enfant au lit avec une bouteille contenant du lait, du jus ou toute autre boisson sucrée (seule l'eau est recommandée).
- Connaître les stratégies de prévention des blessures
- Une fois toutes les dents de lait percées, encourager l'enfant à perdre la mauvaise habitude de sucer, p. ex. : une suce ou un doigt.
- Utilisation prudente du fluorure
- Dans les régions où l'eau du robinet contient du fluor, utiliser cette eau pour rincer la bouche du tout-petit peut lui donner une certaine protection.
- Si l'eau du robinet ne contient pas de fluor, le dentiste peut recommander un traitement au fluorure une fois toutes les dents percées.
- Ne pas utiliser un dentifrice au fluor pour un enfant de moins de trois ans ou avant que l'enfant ne soit capable de cracher adéquatement.
- Une fois le brossage des dents commencé, utiliser seulement une toute petite quantité de dentifrice (la grosseur d'un pois).
- Ne pas laisser un enfant avaler du dentifrice au fluor, car cela peut entrainer la décoloration des dents permanentes.
- Visites périodiques chez le dentiste
- La première visite du bébé chez le dentiste devrait se faire dans les six mois suivant l'apparition de la première dent, ou au plus tard, à 12 mois.
- S'assurer que l'enfant a des rendez-vous périodiques chez un professionnel des soins dentaires.
- Se rappeler qu'il est possible de prévenir la plupart des problèmes dentaires et qu'il en coûte passablement moins cher de prévenir que de devoir avoir recours à un traitement.
(AAP, 2003, 2008; AAPD, 2004; AAPD/AAP, 2008; Alsada et coll., 2005; Boggess et Edelstein, 2006; Dini et coll., 2000; Kulkarni, 2003; Nainar et Mohummed, 2004; OAPHD, 2003)
Une excellente vidéo à visionner en ligne (en anglais seulement) : Baby Oral Health: Pregnancy through Childhood à l'adresse www.utoronto.ca/dentistry/newsresources/kids/index.html.
Pour en savoir plus, veuillez consulter le site Web de la Ontario Association for Public Health Dentistry à l'adresse www.oaphd.on.ca (en anglais seulement).
Sommeil
- • Le sommeil est vital, mais trop souvent une fonction oubliée du développement de l'enfant. Un sommeil adéquat favorise :
- L'autorégulation
- La croissance
- La santé physique
- La mémoire
- Le fonctionnement cognitif
- On associe par ailleurs le manque de sommeil avec :
- La détresse familiale
- Les problèmes d'attachement parent-enfant
- La dépression parentale
Un bébé prend du temps à développer un cycle éveil-sommeil et un rythme circadien. Certains bébés prendront plus de temps que d'autres. L'heure, les facteurs biologiques, les facteurs environnementaux, comme le cadre familial et le tempérament du bébé, ont tous une incidence sur le cycle du sommeil (Centre d'excellence pour le développement des jeunes enfants [CEDJE], 2008).
À la naissance, le bébé a un cycle de sommeil très différent de celui des adultes. La moitié du sommeil du bébé est consacrée aux mouvements oculaires rapides (MOR) ou au sommeil paradoxal. Les mouvements oculaires rapides se reconnaissent par une respiration accélérée et irrégulière, de fréquents sursauts du corps, des bruits comme des grognements ou des pleurs et un mouvement rapide des yeux sous les paupières (Anders, 2003). C'est durant ce stade de sommeil rapide que le bébé transfère ses expériences dans sa mémoire. Il s'agit donc d'une partie cruciale de l'apprentissage.
L'autre moitié du sommeil est calme. Ce stade du sommeil se caractérise par un sommeil plus profond durant lequel la respiration est régulière et lente et le corps ne bouge pas. Il est plus difficile de réveiller le bébé durant cette période.
Le nouveau-né a un cycle du sommeil d'environ 50 à 60 minutes. Il passe environ 25 à 30 minutes dans un sommeil paradoxal puis environ le même temps dans le stade de sommeil calme. Il se réveillera ensuite, en passant de la somnolence à un état d'éveil calme, puis à un état d'éveil optimal. Ce n'est qu'à quatre ou six mois que le bébé aura appris suffisamment de comportements apaisants pour faire ses nuits.
Dès l'âge de trois ans, le sommeil ROM diminue à 30 pour cent, avec 70 pour cent du sommeil passé dans un sommeil calme. Les cycles du sommeil s'allongent progressivement. Puis à l'adolescence, l'enfant suivra les mêmes stades de sommeil que les adultes. Ainsi, il dormira 20 pour cent du temps dans un sommeil paradoxal et 80 pour cent du temps dans un sommeil calme, suivant des cycles de sommeil de 90 minutes.
La quantité de sommeil varie considérablement d'un enfant à l'autre. Un bébé de moins de six mois passe jusqu'à 16 heures par jour à dormir (SCP, 2007). Cela dit, on a rapporté aussi peu que 10 heures de sommeil chez certains bébés de cette tranche d'âge. Un bébé âgé de six mois à deux ans dort jusqu'à 14 heures par jour, un tout-petit dort entre 10 et 13 heures puis un enfant d'âge préscolaire dort environ 10 à 12 heures (SCP, 2007).
- On associe les troubles du sommeil chez le tout-petit et l'enfant d'âge préscolaire à certains problèmes, notamment :
- La résistance à aller au lit ou à dormir dans son lit
- La dépendance à la présence et à l'action apaisante de la personne qui en prend soin (p. ex. : maternage, bercer)
- La peur et l'anxiété vécue en soirée
- Le fonctionnement et l'obstruction des voies respiratoires, sous forme de respiration forte, de ronflement ou d'arrêts dans la respiration en raison d'amygdales pharyngiennes trop grosses ou d'une infection respiratoire (Anders, 2003)
- Parce que le sommeil joue un rôle important dans le sain développement des enfants, les personnes qui en prennent soin devraient prévoir des stratégies pour aider les enfants de plus de six mois à acquérir de bonnes habitudes au coucher. Voici quelques conseils à cet effet :
- Le bébé a besoin de siestes, mais aussi de dormir le soir. Il importe d'établir une routine autour des siestes tout en respectant le rythme de l'enfant.
- On peut mettre le bébé au lit pendant qu'il somnole, mais qu'il est encore réveillé. Ainsi, l'enfant pourra développer l'habitude de s'apaiser et de s'endormir lui-même.
- Une bonne routine autour des siestes et du coucher et un endroit fixe où dormir peuvent aider l'enfant à se sentir en sécurité et lui permettre de s'endormir rapidement.
- La suce peut aider un enfant à s'endormir une fois que l'allaitement est bien établi (dès l'âge de six (6) semaines).
- Éviter de prendre le bébé dans ses bras dès qu'il émet un bruit. On risque moins de déranger son cycle de sommeil, car il peut se trouver en stade de sommeil paradoxal à ce moment-là (SCP, 2007).
On peut trouver d'autres conseils sur le développement des bonnes habitudes de sommeil chez le bébé, le tout-petit et l'enfant d'âge préscolaire en ligne, aux adresses www.soinsdenosenfants.cps.ca/corpsensante/SainesSommeil.htm et
www.enfant-encyclopedie.com/fr-ca/sommeil-enfant/est-ce-important.html.
Perception (sensorielle)
- • L'enfant apprend à connaître le monde qui l'entoure à l'aide de ses cinq sens :
- • Le toucher
- • Le goût
- • L'odorat
- • L'ouïe
- • La vue
Avant même que l'enfant ne vienne au monde, il aura développé partiellement ou entièrement certains de ses sens. C'est ainsi qu'il peut mieux établir un lien avec la personne qui en prend soin et donner un sens à ses expériences. Le développement perceptif est relié aux cinq sphères de développement de l'enfant. Par exemple, l'ouïe est étroitement liée au développement langagier, la vue au développement cognitif et le toucher au développement affectif. Les étapes clés du développement perceptif sont décrites dans la sous-section Développement du bébé par tranche d'âge de la présente section alors que celles liées à la vue et à l'ouïe sont énoncées dans la sous-section Développement du tout-petit par tranche d'âge. Chaque sens est abordé dans les cinq sphères de développement.
Remarque : Berk (2008) souligne le fait qu'il existe peu de recherches à l'heure actuelle dans les domaines du toucher, du goût et de l'odorat après la naissance.
Toucher
Le sens du toucher après et même avant la naissance favorise la croissance physique et s'avère crucial au bon développement affectif. Le toucher contribue à la sécurité et au réconfort. Il facilite aussi l'exploration, qui se fait d'abord par la peau et la bouche puis avec les mains et les doigts (Berk, 2008).
Goût et odorat
Dès la naissance, le bébé peut montrer qu'il aime ou qu'il n'aime pas certaines odeurs. Le liquide amniotique et le lait maternel ont un goût et une odeur différente suivant l'alimentation de la mère. Ainsi, le bébé vit déjà des expériences qui stimulent ses sens du goût et de l'odorat et qui influencent ses préférences (Berk, 2008).
Ouïe
L'ouïe est parfaitement développée dès la naissance. C'est pourquoi on peut déterminer tout de suite s'il y a une déficience auditive. La perte auditive peut avoir des conséquences graves à long terme dans la vie. Selon sa gravité, cette atteinte peut expliquer un retard dans le développement psychologique, social et affectif, cognitif, scolaire et langagier (Puig et coll., 2005; Thompson et coll., 2001; Wada et coll., 2004). Le dépistage et un processus d'intervention précoces se révèlent indispensables au développement positif de la personne tout au long de sa vie.
- • Parmi les outils d'intervention les plus souvent utilisés avec les enfants malentendants, mentionnons les suivants :
- Aides techniques à l'audition (p. ex., appareil auditif, implant cochléaire)
- Langage des signes
- Communication totale
- Programmes de thérapie auditive verbale
- Orthophonie et audiologie
- Soutien aux familles (Puig et coll., 2005; Thompson et coll., 2001)
- On associe les facteurs de risque suivants à la déficience auditive chez l'enfant :
- Antécédents familiaux de déficience auditive permanente dès l'enfance
- Prématurité; plus de cinq jours à l'unité néonatale de soins intensifs; ventilation assistée
- Infections in utero et post-partum
- Faible poids à la naissance
- Asphyxie périnatale (manque d'oxygène)
- Jaunisse
- Anomalies craniofaciales et de l'os temporal; traumatisme crânien (particulièrement les fractures)
- Syndromes associés à la déficience auditive
- Maladie neurodégénérative ou neuropathie sensori-motrice
- Chimiothérapie (Joint Committee on Infant Hearing, 2007; Puig, Municio et Medà, 2005)
Depuis 2002 en Ontario, le Programme d'audition pour les enfants (Programme Ouïe des nourrissons) vise le dépistage universel de la surdité chez le nouveau-né (Groupe de travail canadien sur l'audition chez les enfants, 2005) et fonctionne très bien. Dans tous les hôpitaux de la province, on fait un test de dépistage après la naissance. Un service d'aide est offert dans toutes les collectivités. Vous trouverez davantage de renseignements sur le programme en visitant le site Web du ministère des Services à l'enfance et à la jeunesse à l'adresse www.children.gov.on.ca/htdocs/French/topics/earlychildhood/hearing/index.aspx.
Vue
La vue est le sens le moins développé à la naissance. Le processus de développement des yeux se termine vers l'âge de six mois. Le bébé arrive ensuite à développer sa capacité de coordination entre les deux yeux vers l'âge de 12 mois (Pantell et coll., 2009). À cet âge, la vue du bébé est semblable à celle de l'adulte (Rudolph et coll., 2003). La capacité visuelle de l'enfant joue un grand rôle dans l'apprentissage et le développement global, particulièrement dans les premières années, si cruciales, de la vie. Certains considèrent la vue comme le sens le plus important (traduction libre) (Rudolph et coll., 2003, p. 492), parce qu'elle influe sur l'apprentissage précoce grâce à « l'imitation, l'imitation principalement visuelle […] la communication, l'attachement, le développement moteur, les concepts spatiaux, l'équilibre, la permanence des objets, le développement du langage et la socialisation » (traduction libre) (Rudolph et coll., 2003, p. 492). En fait, 80 pour cent des apprentissages d'un enfant sont liés à la vue. On estime que des fonctions visuelles déficientes nuisent au rendement scolaire de l'enfant et, plus tard, aux choix de carrière (SCP, 2009).
En raison de l'importance de la vue dans le développement de l'enfant, il est primordial de détecter les troubles de la vue et d'établir un processus d'intervention le plus rapidement possible. Grâce à un dépistage précoce, on peut traiter la plupart des troubles de la vue, ce qui favorisera le développement de l'enfant (Carreiro, 2003; SCP, 2009; Rudolph et coll., 2003). Le dépistage des troubles de la vue est gratuit en Ontario jusqu'à l'âge de 19 ans et devrait se faire à six mois, à trois ans et annuellement par la suite. L'optométriste ou le médecin de famille peuvent faire passer le test. Le Programme ontarien d'intervention précoce auprès des enfants aveugles ou ayant une basse vision vise à donner le meilleur départ possible dans la vie aux enfants nés aveugles ou ayant une faible vision. Le gouvernement provincial subventionne les services de soutien aux familles offerts aux enfants de la naissance jusqu'à la première année scolaire. Vous trouverez davantage de renseignements dans le site Web du ministère des Services à l'enfance et à la jeunesse à l'adresse www.children.gov.on.ca/htdocs/French/topics/earlychildhood/blindnesslowvision/index.aspx.
Une multitude de facteurs peuvent entraîner des troubles de la vue. Mentionnons par exemple la malnutrition, une mauvaise hygiène ou une carence vitaminique (Oyiborhoro, 2005). Ce genre de situation est rare au Canada, mais plus fréquente dans les pays en développement.
- Parmi les facteurs liés aux troubles de la vue, notons :
- Facteurs périnataux
(p. ex., consommation de drogues, infection, médicaments, ensemble des troubles causés par l'alcoolisation fœtale, prématurité)
- Facteurs héréditaires
- Maladie rétinienne
- Blessure à l'œil
- Cataracte
- Glaucome
- Handicap (p. ex. : paralysie cérébrale, syndrome de Down)
- Tumeur cérébrale
- Diabète
(Carreiro, 2003; Olver et Cassidy, 2005; Oyiborhoro, 2005; Rudolph et coll., 2003)
Il arrive bien souvent qu'un enfant ayant un trouble de la vue ne présente aucun symptôme. Qui plus est, on peut par erreur diagnostiquer un déficit de l'attention ou une difficulté d'apprentissage. Parmi les indices pouvant laisser présager un problème, mentionnons les suivants :
- Clignement excessif
- Frottement fréquent des yeux
- Problème de coordination entre les yeux et la main
- Problème de perception de la profondeur
- Vision double
- Plissement des yeux
- Se rapprocher de la télévision ou d'un livre
- Se fermer ou se boucher un œil fréquemment
- Larmoiement excessif dans un œil ou les deux yeux
- Trop grande sensibilité à la lumière
- Proéminence des yeux
- Loucher fréquemment ou constamment après l'âge de six mois
- Paupière tombante
- Infection des yeux, démangeaisons, croûtes aux yeux, petite masse sur l'œil ou autour de la paupière
- Enflure de la paupière
- Absence de contact avec les yeux à l'âge de trois mois
- Aucune fixation visuelle ou aucun suivi des objets en mouvement à l'âge de trois mois
- Mauvaise coordination pour saisir les objets à l'âge de six mois
- Mouvements horizontaux et verticaux fréquents et brusques de l'œil
- Toute asymétrie dans la grosseur des pupilles
- Toute anomalie manifeste de la forme et de la structure des yeux
- Ombrage dans la pupille (p. ex. : apparence laiteuse de la cornée, point blanc dans la pupille)
(Ciner 1997; Tamplin, 1995 cité dans Rudolph et coll., 2003; Olver et Cassidy, 2005; Pantell et coll., 2009; Shelov et Hanneman, 1997)
Caractère
Dans la formation de son caractère, l'enfant fait l'acquisition des références suivantes :
- Compréhension morale et comportement éthique y compris un sens de la justice et de l'équité, du bien et du mal et des conséquences en découlant.
- Empathie et comportement sociable y compris être capable de comprendre l'état émotif de l'autre et de ressentir ce que ressent l'autre, avoir un geste pour aider ou réconforter en portant attention à l'autre personne et non pas à soi.
Les fonctions sociales, affectives et cognitives jouent un rôle majeur dans la formation du caractère de l'enfant.
Compréhension morale et comportement éthique
Même si ce sont les adultes qui ont le plus d'influence dans sa compréhension morale et son comportement éthique, l'enfant développe ses propres références internes (Berk, 2008). Au terme de l'étape de la petite enfance, l'enfant aura intériorisé un bon nombre de normes et de comportements d'ordre moral (Berk, 2008) et peut faire la différence entre les impératifs moraux, les conventions sociales et les questions de choix personnel.
- Entre deux et cinq ans, l'enfant devrait normalement :
- Adopter un comportement éthique (c.-à-d. ne pas endommager ce qui appartient à un autre enfant)
- Réagir au fait d'avoir enfreint les règles en se sentant coupable (c.-à-d. comprendre que son geste blesse les sentiments de l'autre ou cause des dommages physiques)
- Se reposer sur des faits et des conséquences observables pour fonder son jugement moral (c.-à-d. dommages physiques, punition ou le lien avec l'adulte)
- Après l'âge de six ans, l'enfant devrait normalement :
- Former sa propre opinion sur la légitimité du symbole d'autorité
- Faire la différence entre les impératifs moraux, les conventions sociales et les questions de choix personnel
- Retarder le moment de la satisfaction (p. ex. : attendre le moment et l'endroit propices pour accomplir un acte égocentrique ou qui lui plaît)
- Avoir un sens aigu de la justice et de l'équité qui sera fondé sur l'égalité (Berk et Roberts, 2009)
Niveaux de raisonnement relatifs à la justice positive
La perception de l'enfant relativement à la justice positive (ou comment devrait se faire, selon lui, la distribution équitable des biens) évolue avec l'âge. Avec le temps, l'enfant croit que l'égalité devrait servir au partage avec les autres. Damon (1980, cité dans Cole et Cole, 1993) a élaboré des niveaux de raisonnement de l'enfant jusqu'à l'âge de 10 ans, et plus. Voici un aperçu de ce que Damon entend par niveaux de raisonnement relatifs à la justice positive chez les enfants, depuis la naissance jusqu'à l'âge de 7 ans :
- Niveau 0-A (4 ans et moins)
- Les choix de justice positive naissent du désir que se réalise quelque chose. Seule la raison confirme le désir, sans même une tentative de justifier quoi que ce soit (« je devrais l'obtenir parce que je le veux »).
- Niveau 0-B (entre 4 et 5 ans)
- Les choix reflètent encore les désirs, mais l'enfant les justifie en se basant sur des réalités externes observables comme la taille, le sexe ou une autre caractéristique physique (p. ex. : nous devrions en obtenir plus parce que nous sommes des filles). Toutefois, les justifications peuvent changer au besoin, voire après coup, et sont purement égocentriques.
- Niveau 1-A (entre 5 et 7 ans)
- Les choix de justice positive sont fondés sur des notions de stricte égalité en toute circonstance
(p. ex. : tout le monde devrait obtenir la même chose). L'enfant considère maintenant l'égalité comme étant un moyen d'éviter les plaintes, les disputes ou les conflits sous toutes leurs formes.
Empathie
L'empathie se définit par la capacité de comprendre les sentiments de l'autre et de ressentir ce que ressent l'autre. Cette capacité se manifeste souvent déjà dès l'âge de 18 mois (Berk, 2008). Avec l'enrichissement de son vocabulaire, l'enfant est capable d'exprimer plus clairement ses sentiments et ses émotions. Cela dit, l'expression de ses sentiments ne mène pas automatiquement à l'empathie. L'enfant doit apprendre à comprendre ce que ressent l'autre en décodant les signes émis par l'autre et en se projetant à la place de l'autre. L'empathie contribue au développement du comportement sociable (prosocial), c'est-à-dire des gestes qui font du bien à l'autre sans en attendre une récompense en retour (Eisenberg, Fabes et Spinrad, 2006, cités dans Berk, 2008).
Un programme très intéressant, Racines de l'empathie, vise les élèves depuis la maternelle jusqu'à la 8e année. Tout au long de l'année, les enfants reçoivent la visite d'un bébé accompagné de l'un de ses parents ou des deux. Les élèves interagissent avec le bébé et discutent de son développement et de ses sentiments. Leurs capacités affectives et d'empathie se trouvent ainsi rehaussées. En effet, les élèves participant à Racines de l'empathie présentent un comportement moins agressif. Le programme Semailles de l'empathie se veut le « petit frère » du premier et s'adresse aux enfants de trois à cinq ans. Vous trouverez plus de renseignements dans le site Web de ces programmes aux adresses www.rootsofempathy.org/fr/ et www.seedsofempathy.org (en anglais seulement).
Comment favoriser la formation du caractère dans les premières années
Les conseils suivants aident à favoriser le développement du caractère chez le jeune enfant fréquentant un établissement de la petite enfance :
- Renforcer le sentiment d'appartenance communautaire de manière à ce que les enfants apprennent les uns des autres dans une atmosphère de respect et de confiance.
- Fournir aux enfants la chance de contribuer à l'établissement des règles et à décider des conséquences advenant un manquement à ces mêmes règles.
- Donner les raisons de ces conséquences, en soulignant, s'il y a lieu, les répercussions du comportement fautif sur le reste du groupe.
- Donner aux enfants l'occasion de collaborer avec leurs camarades.
- Lors des récits et des discussions entourant le vécu quotidien, aider les enfants à prendre en compte les sentiments des autres, authentiques ou non.
- Utiliser les jeux de rôle à partir de situations de la vie quotidienne qui entrainent des déceptions, des tensions, des bagarres et des joies, afin de permettre aux enfants de voir les choses sous un autre angle que le leur.
- Discuter des notions d'équité et d'injustice.
- À l'aide des récits, de la littérature, de l'histoire, de l'actualité ou du cinéma, susciter une discussion menant à un raisonnement plus réfléchi.
- Agir comme modèle et nommer d'autres modèles au sein de la famille de chacun et de la collectivité. (Adaptation de Duska et Whelan, 1975; Higgins, 1995, cité dans Berns, 2004)
- Promouvoir l'adoption des programmes Semailles de l'empathie et Racines de l'empathie dans le cadre scolaire ou de garde d'enfants.
Esthétisme et créativité (expression artistique)
À mesure que l'enfant apprend à mieux maîtriser sa motricité fine et ses habiletés cognitives, son expression créative comme ses dessins montre aussi une évolution. Un certain nombre de facteurs peuvent influer sur le développement artistique de l'enfant, notamment :
- • Sa capacité à tenir divers outils d'écriture
- • Son exposition à diverses cultures et techniques artistiques (Berk, 2008)
- • Les différences selon qu'il soit une fille ou un garçon
Même si le moment auquel l'enfant passe d'un stade du développement artistique au suivant peut varier, la séquence reste généralement la même.
Stades du développement artistique
Les divers stades se caractérisent par les différents éléments énumérés ci-dessous :
(Berk, 2008; Eden, 1983, Gaitskell, 1958, Kellogg, 1969, Lasky et Mukerji, 1980, cités dans Vaclavik, Wolanski et Wannamaker, 2001; Lowenfeld et Brittain, 1987)
- Le stade du gribouillage (de 18 mois à trois ans environ) :
- Points
- Lignes
- Zigzags
- Spirales
- Le stade symbolique ou pré-schématique (de trois à six ans environ) :
- Formes (p. ex. : cercles, triangles, carrés) et croix
- Rayons
- Mandalas
- Soleils
- Grosses têtes
- Bonhomme simple (p. ex. : allumette, profil têtard)
- Le stade du pictogramme ou schématique (de six à neuf ans) :
- Des formes de la vie courante se retrouvent dans la représentation artistique de l'enfant, c.-à-d. animaux, arbres, fleurs, maisons, voitures et autres.
On sait que l'expression artistique, telle que les arts visuels, la musique et le théâtre, joue un grand rôle dans le développement de l'enfant. El Sistema, une méthode d'enseignement de la musique s'adressant aux enfants de 2 à 18 ans au Venezuela, en est un exemple. On a adapté la méthode dans une vingtaine de pays, dont le Canada en raison de ses effets positifs sur les enfants (McCarthy, Hurst et McCarthy, 2009). On se rend compte ainsi que l'art participe activement à l'apprentissage en faisant intervenir toutes les sphères de développement et qu'il peut jouer un rôle marquant en précipitant la trajectoire d'un enfant.